Vie privée et réseaux sociaux: Mission impossible?

La 28e édition du Cybersecurity Breakfast a abordé le sujet brûlant de la vie privée sur les réseaux sociaux… Après les scandales à répétitions qui ont émaillé l’année 2018, 2019 ouvrira-t-elle l’ère d’une normalisation, voire d’une réconciliation du couple infernal ?

M. Vie privée et Mme Réseaux sociaux, unis pour le meilleur du pire ?

Autant dissiper tout faux espoir dès le départ : rien n’est moins sûr ! Comme l’a fait remarquer Nefeli Roupakia, Legal Counsel chez OpenField SA, les réseaux sociaux, les données utilisées dans l’affaire « Cambridge Analytica » ont été acquises légalement. C’est cela le problème, ceux qui utilisent nos données pour nous manipuler n’ont même pas besoin de connaître notre nom, ils ont simplement besoin d’un profil psychologique, pour connaître nos ressorts et nos démons enfouis. Et la réponse de Mark Zuckerberg nous laisse sans voix : « Désolé, c’était une erreur… ».


Il faut reconnaître que nous avons une tendance à divulguer des données personnelles sans toujours réfléchir aux conséquences. La mode du Selfie en est un des symptômes. Mais il y en a d’autres, comme celle d’exposer parfois des informations personnelles sur les réseaux sociaux, comme si on était dans une conversation privée. Émilie Le Guernic, Digital & Marketing Specialist chez AXA Luxembourg en a témoigné : « Parfois, des clients nous posent des questions sur nos produits d’assurance, et dévoilent des données privées, parfois des données de santé particulièrement sensibles… Dans ce cas nous supprimons immédiatement le message et nous les invitons à passer en message privé ».

En matière, de responsabilité personnelle Émilie Le Guernic a également fait l’expérience d’une trop forte exposition, notamment sur LinkedIn. La plupart des réseaux sociaux offrent des possibilités de paramétrages suffisamment étendues pour pouvoir fixer le niveau de confidentialité des données que l’on divulgue. Généralement, il est possible d’être quasiment invisible. Mais cela demande un effort et une réflexion permanente sur les compromis que l’on veut faire entre visibilité, échanges sociaux et vie privée. Cependant, dans la plupart des, on constate que les possibilités de paramétrage ne sont pas conformes avec le principe du « Privacy by Design » imposé par le RGDP. Selon ce principe, le traitement de données personnelles doit être fixé par défaut au minimum nécessaire au fonctionnement du service.

De gauche à droite :

Martin Miguels (Talkwalker), Émilie Le Guernic (AXA Luxembourg), Nefeli Roupakia (Openfield), et Pascal Steichen (SECURITYMADEIN.LU).

Quant à la question initiale. Préserver sa vie privée tout en utilisant les réseaux sociaux, est-ce une Mission Impossible? La réponse n’est pas encore d’une clarté totalement limpide, malgré les lumières de George Clooney et de Barack Obama : « I think it’s important to recognize that you can’t have 100% Security and also then 100% privacy and Zero inconvenience », avait déclaré le dernier président des États-Unis en 2013. Quant au célèbre buveur de café, il se tient ostensiblement à l’écart de tous les réseaux sociaux afin de préserver sa vie privée.

Au-delà des réponses individuelles, on aimerait une réponse globale de la part des grands acteurs. Mais le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils n’ont pas l’air capables de se réguler eux-mêmes sans aucune pression extérieure.